mardi 2 juin 2009

Lettre à mon prof


Cher monsieur Mon prof,

En fin mai dernier, lorsque j’ai eu entre les mains le sujet de votre examen, une vague d’admiration s’est abattue sur moi, m’a ravagé la face, fait choir de ma chaise et inondé le cœur. Je me suis séché avec quelques feuilles de brouillon et repris ma place sagement en essorant mes cheveux. J’ai entrepris la relecture de votre sujet en m’abritant derrière un parapluie et cette fois, la douche était froide. Si froide que j’en éternue encore.

L’admiration d’abord : j’ignorais que derrière vos apparences de professeur Tournesol, éternellement distrait, qui nous enchantait de mile et un récit, commentaire sur l’actualité et avis pointus sur des questions existentielles se cachait un érudit dont le savoir n’a d’égale que sa droiture et son sens de l’engagement.

Car enfin, jamais aucun prof n’avait réussi à m’inspirer un tel sentiment de petitesse et de médiocrité. Ni un si profond respect face à votre parole tenue !

Ensuite, la déconfiture : Non, il n’y a rien à espérer ! Je n’aurai pas la moyenne concernant votre module ! Rien à y faire, je ne parle pas votre langue. Je n’ai pas les moyens de vous défier. Chapeaux bas, votre pari a été relevé haut la mai ! Mon gage sera d’aller user mes fonds de chemise sur les bancs des salles se synthèse, j’imagine. J’ai pourtant été animée d’une grande passion pour votre science depuis très longtemps. J’ai pourtant suivi vos conseils à la lettre : j’ai bien acheté votre livre (même que j’en ai acheté plusieurs de vos précieux livres). Par contre, je n’ai pas appris vos cours, rien n’y fait, ne peux qu’essayer de comprendre. Et j’ai bien compris, je vous l’assure. Mais j’avais beau secouer ma petite cervelle dans tous les sens, aucune réponse à votre amusant « fill in the gaps » ne s'en est extraite. Aucun de mes camardes, avec des pans entiers de votre livre habilement dissimulés non plus. Nous nous sommes d’abord tous regardé incrédules avant qu’un rire nerveux ne gagne les plus fragiles parmi nous et que des symptômes d’agressivité aiguë commencent à se révéler chez d’autres.

Il n’y a pas à dire, nos profs n’ont qu’une seule parole.

Fin mai dernier, cher monsieur, vous aviez promis, à nous tous brebis galeuses qui vous servent d’étudiants que l’examen du second semestre serait épicé et que nous allions nous bruler les mains, la bouches et l’estomac. Si nous avions peiné à décrocher le 5 du premier semestre, il faudra abandonner toute illusion pour cette nouvelle épreuve. Dédicace à tous ceux qui se faufilaient une poignée de minutes après le début de votre conférence, à peine les premiers égarements du vénérable professeur constatées.

Monsieur a ténu parole.

Pour s’en convaincre, il suffisait de s’installer tranquillement à la sortie des salles d’examens pavillon R. Blêmes, déconfites et ahuries, les figures des étudiants de l’institut des sciènes de l’information et de la communication option audiovisuel ne laissaient rien présager de bon.

Monsieur a tenu parole et c’est tout à votre honneur.

Je tenais juste à vous en féliciter.

Amèrement,

Une brebis galeuse

P.S. :

En cette fin d’années estudiantine, un petit récapitulatif de ce que j’ai appris de plus précieux auprès de vous s’impose :

Un livre vaut mieux que des heures d’explication

Stoker des dizaines de pages dans notre mémoire à court terme nous assure une belle réussite

Les européens sont racistes

Barack Obama est noir

Et mieux faire acte de présence auprès d’un prof, même si on n’apprend rien et que nous perdons des heures de travail si nous tenons à notre moyenne.