dimanche 30 août 2009
Gad au cinéma pendant que Ouioui ne veut pas aller à l'école!
Mais ciel, pourquoi veut-on toujours s'essayer à tout lorsqu'on est une star?
samedi 29 août 2009
La réalité implaccable ou l'utopie publicitaire mise à nue
Juillet 2009 : Un spot publicitaire israélien vente les mérites d'une compagnie de télécommunication en mettant en scène des soldats israéliens s'échangeant des tires de ballon avec des palestiniens et ce par dessus le mur de séparation. L'ambiance est bon enfant et la musique entrainante: Le spot créé la controverse et rencontre de vives critiques.
Quelques semaines plus tard, une nouvelle vidéo créé la buzz sur Internet. Il s'agit d'une nouvelle version de la publicité mais cette fois, nul besoin d'acteurs et de projecteurs. L'image est imparfaite et la musique laisse place aux murmures urbains. Le glamopur surfait et l'idéal utopiste publicitaires s'inclinent devant une réalité crue.
Dans cette vidéo, un groupe de palestiniens envoie un ballon coté israélien. Les soldats renvoie la balle, mais celle-ci prend la forme d'une pluie de grenade lacrymogène.
Ayyad Mediqa, auteur de cette version réaliste de la publicité sus-citée est monteur vidéo de 28 ans vivant à Tel-Aviv. Il est citoyen isralien.
Ayyad Mediqa explique son initiative dans plusieurs sites:
"Quand j’ai vu la publicité originale, j’ai immédiatement pensé qu’il fallait réagir. Le cynisme et l’irrespect qui consistent à exploiter à son avantage la souffrance de l’autre devaient trouver une réponse. Il fallait montrer ce que représentait vraiment le mur de séparation, car ce que l’on voit dans la pub de Cellcom est très loin de ce qui se passe ici. La vidéo que j’ai tourné à Bil’in est réelle, il ne s’agit pas d’acteurs. Depuis 2004, chaque vendredi, il y a des manifestations dans cette ville, pour protester contre la construction du mur. Il s’agit de vrais manifestants palestiniens, de vrais soldats israéliens et le gaz lacrymogène est également authentique. C’est comme ça que ça se passe dans la vraie vie.
Nous n’avons pas provoqué l’armée israélienne car avant même de commencer à tourner, il y avait déjà des tirs de gaz lacrymogènes contre les manifestants. Mon but était juste de rétablir la vérité en montrant la dure réalité du mur. Certains nous ont accusés de faire de la propagande, et de son côté Cellcom, à qui j’ai fait parvenir la vidéo, n’a pas réagi. Ce qui ne m’a pas vraiment surpris…"
dimanche 16 août 2009
Une expérience inédite !
Mustapha Benfodil : Cherche flic pour lecture citoyenne à Tipaza...
toute la force publique pesant sur ton cerveau d’un poids incalculable »
Flaubert à Maupassant
J’ai lancé depuis quelque temps un cycle de lectures théâtrales sous le concept « Pièces détachées – Lectures sauvages ». L’idée est simple : investir de nouveaux territoires pour y injecter un peu d’imagination par de l’action artistique ; sortir la littérature des livres et des lieux convenus et la jeter dans la rue ; affranchir le théâtre de la bureaucratie anti-créationnelle et donner à entendre des textes dramatiques dans des conditions minimales de représentation ; des textes qui ont très peu de chances, on l’imagine, d’être joués dans les théâtres institutionnels. Et il est aisé de deviner la dimension politique de ce cycle et sa portée « citoyenne » en ce qu’il se veut une modeste manière de ma part d’occuper le terrain, de conquérir l’espace public et de prendre la parole en toute liberté, clandestinement, sans autorisation, sans préalable ni préavis, dans la simplicité et la spontanéité de l’échange. Au nom de l’état d’urgence, de la déraison d’Etat, du « tchoukir d’Etat », de la « BOUTEFLICAILLE » et du « bouteflico-zerhounisme », la rue nous est confisquée depuis maintenant 17 ans, et à Alger, l’espace public est particulièrement « rationné » depuis la marche épique du 14 juin 2001. Pour « donquichottesque » qu’elle soit, l’initiative n’en aspire pas moins à aller à la conquête d’espaces divers, qu’ils soient populaires ou « underground », et d’y reprendre la parole par le théâtre, en somme, de réapprendre à être citoyens à part entière, en Algériens libres et indépendants depuis 1962, en rejetant le principe d’être confinés dans des « réserves culturelles » contrôlées par le pouvoir politique et policier et tenaillées par la police des corps et des esprits. Oui, sortir la littérature à l’air libre et libérer le théâtre de ses tréteaux placés sous surveillance, voilà le mot d’ordre.
Trois lectures se sont tenues jusqu’à présent sous ce concept, la première, le 15 juillet dernier, à la Safex, où j’ai fait une lecture-performance par effraction au sein de l’expo Les Africaines ; la seconde, le 6 août, à la « Maison Hantée » de Bologhine qui a drainé pas mal de monde. La troisième a eu lieu jeudi dernier, 13 août, au site romain de Tipaza. Malheureusement, cette dernière lecture a été, par deux fois, interrompue.
Shakespeare expliqué à un divisionnaire
Les faits : j’ai pris place à hauteur de la fontaine romaine située à quelques encablures du théâtre antique avec un groupe de spectateurs : des jeunes, des journalistes, des professeurs – dont l’illustre critique littéraire Christiane Chaulet-Achour –, des étudiants, des artistes, des militants associatifs, des badauds. J’avais entamé ma lecture (avec, au menu, des scènes de ma dernière pièce Les Borgnes ou Le Colonialisme intérieur brut) quand, au bout d’une demi-heure, deux agents de sécurité du site sont venus nous interrompre avec autorité. « Habssou koulache ! » intime l’un d’eux, « arrêtez tout ! », avant d’ajouter : « Taffi, taffi la camira » à l’adresse du cinéaste Lamine-Ammar Khodja qui filme ces lectures. Pendant ce temps, d’autres spectateurs continuaient d’affluer en demandant naïvement au personnel du site « win el masrahia », « où se passe la représentation ? ». Les deux agents eux-mêmes ont reconnu que c’était cela qui les avait mis au parfum de cette opération. Ils me demandèrent si j’avais une autorisation. Naturellement, j’ai dit non. Ils me firent savoir alors que c’était quelque chose d’illégal et que j’aurais dû prendre attache avec la direction du musée de Tipaza. L’un d’eux me lança : « Mamnou takhtab fen’nass ». Je leur expliquai sereinement que ce n’était pas une « khotba » mais du théâtre. On finit par trouver calmement un terrain d’entente. Les deux hommes m’invitèrent simplement à changer de place. « Il ne faut pas vous mettre devant les ruines. Le site doit être dégagé afin que les visiteurs puissent en profiter » précisa l’un des agents avant de nous suggérer de nous mettre sous un arbre, en retrait. Les spectateurs se sont généreusement exécutés sans faire de vagues en échangeant quelques plaisanteries de bon aloi avec les deux agents de sécurité. L’un d’eux me fit : « Achouâra yahadrou bel alghaz », « les poètes parlent avec des énigmes », avant de nous abandonner à notre « énigmatique cabale ». Le public et moi-même prîmes cette péripétie avec philosophie en nous disant que cela faisait partie du concept et donnait du piment au spectacle qui, pour l’occasion, vira à la performance politique et prenait des airs de happening. Un quart d’heure ne s’était pas écoulé que trois policiers débarquèrent, revêtant l’uniforme des BMPJ. Ils me demandèrent d’emblée : « Qui est responsable de ce rassemblement ? Vous êtes une association ? » Je leur expliquai que je répondais seul de cette action. « Mamnouâ atadjamhour hna », « il est interdit de se rassembler et de réunir les gens comme ça » me signifièrent-ils. Un policier me demanda mes papiers. Il paraissait être de formation littéraire – ce qu’il me confirmera par la suite. Il saisit mon manuscrit ainsi qu’un exemplaire d’un livre édité, une autre pièce de théâtre intitulée « Clandestinopolis » et les examina d’un air absorbé en scrutant dialogues et didascalies. « C’est un récit ? » risqua-t-il. Je répondis que c’était du théâtre. « Ah ! Vous êtes un écrivain ! » finit-il par concéder. Son acolyte se montra sceptique ; il soupçonnait qu’il y ait du « tahridh » (incitation subversive) dans le texte. Il s’enquit de la composition de l’assistance et de la qualité des présents. Je le rassurai que nous n’étions pas des terroristes. Après m’avoir servi le sermon d’usage sur l’obligation de se munir d’une autorisation avant d’organiser pareil événement, les policiers me prièrent de les accompagner au poste. Ils m’embarquèrent ainsi en bonne et due forme, à bord d’un 4X4 de marque Soreno et m’emmenèrent droit au siège de la sûreté de wilaya de Tipaza. Chemin faisant, nous croisâmes un comédien de la fameuse émission « Lafhama » et les policiers de le couvrir de salutations enthousiastes. A la sûreté de wilaya, un officier au grade de commandant, probablement un commissaire divisionnaire, me reçut aimablement. Il m’invita d’entrée à lui livrer ma version des événements. Suite à quoi il me dit : « Ce n’est pas du tout comme ça qu’on m’a présenté les choses. Ce qu’on m’a rapporté est qu’il y avait quelqu’un qui parlait des ruines romaines à un groupe de visiteurs. Or, on ne peut pas laisser n’importe qui s’improviser guide sur ce site ! ». Il expertisa à son tour la pièce de théâtre qui prenait pour le coup, et sans jeu de mots facile, l’allure d’une « pièce à conviction ». Il s’attarda un peu sur le sous-titre qui semblait l’intriguer : « Le Colonialisme intérieur brut », avant de m’interroger sur le sujet de la pièce. Je me retrouvai ainsi dans une situation tragi-comique, à la fois cocasse et absurde, à faire la dramaturgie des Borgnes dans un commissariat de police. L’officier prit ensuite mes références : état civil, adresse, etc, et n’omit pas de noter le titre de la pièce. Il feuilleta également mon autre pièce, « Clandestinopolis ».
Un peu d’air frais dans la tête du régime
Autre chose qui le turlupinait : l’utilisation d’une caméra au cours de ma lecture. Cela résume toute la hantise que le régime algérien a de l’image. Je lui rétorquai que les satellites américains filmaient même nos sous-vêtements et sondaient nos pensées les plus intimes, ce qui le fit sourire. Ce petit interrogatoire fini, l’officier m’« autorisa » (le verbe-clé) enfin à reprendre ma lecture sans autre formalité. Sur ces entrefaites débarqua le chef de sûreté de wilaya en personne, vêtu en civil. Fort affable, il se fendit de quelques boutades bénignes avant de m’exhorter à quitter le site. En clair, il me recommandait, sur un ton qui se voulait amical, de renoncer à la suite de mon programme. On me fit comprendre que cela risquait de valoir des ennuis aux pauvres agents du site romain. Et c’est précisément pour ne pas « jouer avec leur pain » que je résolus d’obtempérer la mort dans l’âme. J’ai été touché d’apprendre que, pendant que j’étais à la Sûreté de wilaya, le public s’est emparé de cette « lecture sauvage » et a continué sans moi. C’est ainsi que, sur recommandation de mon amie Hedia Sédairia, une lecture du « Manifeste du chkoupisme » qui clôt mon roman, « Archéologie du chaos [amoureux] » a été donnée par la voix de l’admirable Nazim Bencheikh de l’association Le Souk.
Toujours est-il que le spectacle a été gâché pour une stupide histoire d’autorisation. Il me paraît proprement scandaleux d’exiger des Algériens un laissez-passer pour la moindre broutille. Cela dit toute la paranoïa d’un pouvoir terrorisé par son peuple au point de voir dans un simple éternuement une atteinte à l’ordre public. Si nous sommes toujours colonisés, qu’on nous le dise. Si l’Algérie est indépendante mais que les Algériens sont toujours occupés, qu’on nous en avise et on déclenchera un deuxième 5 octobre.
Je tiens à informer nos matons que « Pièces détachées… » se poursuivra, et je leur communiquerai le lieu, la date et l’heure de la prochaine lecture (probablement à Ain Defla) en temps voulu. Je me permets de chuter par ces mots d’une tribune « très » libre de Me Ali Yahia Abdennour parue récemment dans El Watan, et dans laquelle il écrit : « Il faut insuffler un peut d’air frais à un pouvoir qui étouffe parce qu’il maintient le statique mortifère qui est la même pièce de théâtre politique jouée par les mêmes acteurs. »
Justement : l’heure est venue de changer la pièce, le décor et les protagonistes…
Mustapha Benfodil, auteur.
Alger, 14 août 2009
NB : Le présent coup de gueule (que l’on pourrait appeler « Le Manifeste de Tipaza ») a été publié par El Watan dans son édition du dimanche 16 août 2009. Lire : http://www.elwatan.com/Che
Commentaire personnel:
Après une matinée très agréable et un déjeuner clandestin au bord de la mer, au pieds des ruines romaines, nous nous installions N, K, M et moi-même à même le sol pour enfin, écouter le récit tant attendu de Mustapha. A peine étions-nous imprégnés de cet univers ubuesque que l'implacable réalité nous rattrapait. Mais lorsque l'incorrigible Benfodil était emmené au commissariat pour avoir lu "chi3r" en public et pour "tadjamhour" clandestin, Nazim, à l'initiative d'une dame lisait le fameux "Manifeste du Chkoupisme". Le plus drôle était que ce texte est de loin plus virulent et certes moins subtile que la pièce pour laquelle Mustapha Benfodil était embarqué. La lutte continuait, disait-t-on, plus virulente.
Une belle journée, en sommes, si ce n'est la frustration de ne pas avoir pu écouter le texte jusqu'au bout.
Rdv à Ain Defla !
mardi 11 août 2009
Ah bein, j'ai hate de voir ça !!
L'université et la semaine de cours à cinq jours
Plannings et programmation chamboulés
Dans une université qui peine à finir dignement ces programmes avec 6 jours de cours, la déclaration du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Rachid Harraoubia, à propos du nouveau calendrier régissant les heures de travail à l'université n'a fait que jeter de l'huile sur le feu selon certain enseignants.
Chose qui poussera certainement les concernés directement par cette mesure en l'occurrence les instituts et les étudiants de voir leur semaine amputée d'une demi-journée et par conséquent très serrée.
Pour Zekane Ahmed, professeur d'économie et directeur de l'Ecole nationale supérieure des statistiques et d'économie (ENSSE), cette amputation d'une demi-journée, impliquera des efforts supplémentaires de la part de tous les concernés. Tout se jouera sur cinq jours avec toutes les conséquences qui se répercuteront sur la gestion des heures et des salles d'études.
« En effet avec le nombre croissant d'étudiants qui rejoignent l'université chaque année nous allons assister à des journées marathoniennes qui risquent de commencer à 8heures du matin pour se terminer à 19 heures et peut être au-delà » a-t-il dit. Toutefois, notre interlocuteur s'est montré optimiste vis-à-vis de cette mesure et espère être à la hauteur de la mission qui l'attend.
Une mission qui commencera par le réaménagement au préalable du planning des examens de rattrapages, « nous sommes appelés à revoir toutes nos planifications » a-t-il ajouté. Par ailleurs, le Dr Temar, chef de département à l'institut du journalisme nous dira d’un ton ferme « pour l'instant, nous n'avons rien reçu d'officiel.
On maintiendra la même programmation jusqu'à preuve du contraire » s'est il exprimé sur les examens de rattrapage. Soulignant leur désaveu de cette décision, deux enseignants de l'Institut des sciences politiques, sous couvert d'anonymat, nous dirons qu'il s'agit d'une autre mesure arbitraire qui s'ajoute à une longue liste de bafouement des droits conjugués des étudiants et des enseignants.
Ce genre de décisions, prises en cavalier seul, doivent prendre en considération l'avis des enseignants et même tenir compte des différentes répercussions néfastes sur le rendement des étudiants.
Pour ces derniers, avec une semaine plus longue on ne parvenait pas à finir nos programmes dans les délais, que dire d'une semaine d'étude amoindrie d'une demi-journée, sachant que selon les infrastructures existantes et le nombre d'enseignants en exercice, ça sera un pari difficile à gérer ont -il dit, avant d'ajouter : « Nous devons instaurer une culture de concertation, seule alternative susceptible d'émanciper l'université dans sa quête d'universalité ».
Quant aux étudiants qui se font rares à roder dans les travées universitaires en ces périodes de congé et de canicule, Karim étudiant en deuxième année, ayant déjà une expérience nous dira « ça sera une année très serrée, on n’aura même pas le temps d'assimiler des cours avant que d'autres ne viennent nous compliquer l'existence » et d'ajouter nous sommes des cobayes.
Saïd, un autre étudiant fait part de sa satisfaction par rapport à la question en disant « je trouve cette discision très motivante, moi qui n'aime pas trop assister aux cours, c'est une occasion de trouver plus de temps pour gérer ma semaine » a-til dit.
Kamel Lembrouk
lundi 10 août 2009
Un court-métrage à découvrir absolument !
Le petit bijoux de Abdelghani Raoui, jeune réalisateur algérien! Juste excellent, je n'en dirai pas plus, il est à découvrir !
Goulili de Sabrina Draoui
Goulili de Sabrina Draoui, jeune réalisatrice et photographe algérienne a remporté une multitude de prix. Regorgeant d'un charme tout particulier, dégageant une atmosphère envoutante, il aborde en toute subtilité un thème pourtant très tabou dans notre société algérienne: à savourer !
Les algériens sur Facebook à propos du panaf !
Dialogues entre satisfaits et déçus
Le cinq juillet dernier, une cérémonie en grande pompe annonçait l’ouverture du Festival Culturel Panafricain dans sa seconde édition. Le temps d’une rencontre éclectique et festive, l’Afrique noire investie la belle blanche et ses environs, avec dans ses bagages, ses plus grands artistes et ses plus belles œuvres en guise de présents. A deux jours de la clôture du Panaf 2009, les algériens témoignent de leurs perceptions du festival à travers quelques groupes.
Pour prendre la température du Panaf, deux groupes frères, initiés pas une seule personne, sous le pseudonyme « Gatlingmachine Gatling » se font échos des « algériens agréablement surpris et contents » dans un premier groupe et des « algériens déçus » par le festival panafricain dans un second. L’on peut d’ores et déjà relever qu’ils sont 45 membres, dans le camp des satisfaits et près de 117 à se dire « déçus ». Et lorsque dans le premier groupe, la discussion tourne court et s’arrête à une quête désespérée du programme, dans le second, les échanges se font plus vifs.
Sara, se plaint de « rater » le passage de grands artistes africains faute de communication. Elle est soutenue par le créateur du groupe, qui souligne que le programme du festival est carrément absent de la télévision algérienne, disponible au jour le jour dans la presse algérienne et pense à tous ceux qui se refusent d’écouter la radio algérienne, la trouvant « trop nul ». De quoi révolter Hakim qui se demande bien comment peut-on passer à coté de cet événement « surmédiatisé ». « Prenez la peine d'ouvrir un journal, d'écouter la radio » exhorte-il les geignard, jugeant le groupe inutile.
Hakim est aussitôt relayé par Yasmine qui demande à ce qu’on arrête de « cracher dans la soupe pour une fois qu’un événement est bien médiatisé ».
Le créateur du groupe « Panaf 2009 (les algériens déçus) » rappelle aux deux auteurs de ces interventions que ce groupe est dédié à la « critique » et appelle au calme ces …« espèce de bizarres » (sic).
Maha, quand à elle, même si elle appuie les propos de Hakim et Yasmine sur la disponibilité du programme adresse une toute autre nature de critique au Festival : son organisation. Pour elle, les places qui accueillent les concerts « craignent » : impossible pour un groupe de filles de s’y aventurer seules. Cela sans compter avec « la galère des transport et du parking ». Elle évoque notamment son expérience vécue à l’occasion du concert du groupe Gââda où la porte du lieu qui accueillait le concert fut abattue.
Tout ça est bien dommage, se désole Maha, mais enfin « on ne peut pas éduquer un peuple à l’occasion du Panaf » ajoute-elle.
Les algériens seraient-ils donc fidèles à leur réputation de grincheux, éternellement insatisfaits? Au final, les petits bambins émerveillés par les couleurs et les vibrations à l'esplanade Riadh El Feth ou ailleurs et leurs parents ébahis par leur bonheur serait-ils les seuls témoins de la beauté de cette initiative?
Dans deux jours, l’Algérie remballera ses couleurs et sa gaieté et rangera ses toilettes des grands jours en accompagnant à la porte la culture Africaine. Lorsque salles de projection et d’exposition retourneront à leur désert et les places publiques à leur malfrats, lorsque les journées se feront écrasantes de lassitude et que le temps de la culture sera révolu, quel impression garderont les algériens du Deuxième Festival Panafricain ? Frustration ou mélancolie ? Dans quarante ans, des documentaires qui lui seront consacrés le révéleront.
Nesrine S, le 18 07 09
Coup de Coeur cinématographique 2009
Il a remporté un triomphe au dernier festival de Cannes 2009, en raflant pas moins de huit distinctions: Slumdog Millionnaire de Danny Boyle est incontestablement LE film à voir de l'année !
Bribes de "Une escapade amoureuse" par Nesrine SELLAL ((Nouvelle finaliste au Prix du Jeune Ecrivain Francophone))
Je prends une profonde respiration, fais une courte prière et rassemble tout ce dont je suis capable de courage pour risquer un pied dehors, puis l’autre. Mon cœur cesse tout à coup de tambouriner au creux de ma poitrine, comme plongé dans une soudaine sérénité. Je longe ce bâtiment qui abritait jadis des convives de diverses rives, mais il ne reste désormais de l’hôtel de ville qu’une petite enseigne fracassée par terre. Je bifurque à droite, à son extrémité et m’élance dans une ruelle étroite et sombre. C’est drôle comme l’obscurité peut devenir, dans certains contextes, rassurante. Je m’arrête au bout de la ruelle où une lumière éclatante m’effraie. Une bombe intelligente ou une arme à point toute bête me distinguerait si vite. Mon cœur s’affole à nouveau, je traverse le grand boulevard en courant sans lui témoigner plus de ménagement. De l’autre coté de l’avenue principale, à nouveau dans le cocon d’une rassurante obscurité, je me rends compte que je tremble de tout mon être et qu’une larme s’échappe doucement du coin de mon œil gauche.
Pendant de longues minutes, je me faufile dans une multitude de ruelles à pas feutrés. On croirait une ville fantôme, délaissée de ses habitants. Pourtant, elle renferme encore leurs peurs et leurs angoisses. Ses décombres abritent leurs souffles saccadés et leur colère sourde. Ils sont ses otages ou ceux du couvre feu, mais ils sont restés fideles. Fideles à celle que leurs ancêtres bâtirent et dont ils aimeraient tant transmettre le soin à leurs enfants. Je devine leurs yeux exorbités de terreur me scruter et leur volonté de m’interpeler anéantie par leur instinct de survie.
Le soleil s’écroule peu à peu derrière moi, et déjà, l’horizon se fait rougeâtre. Bientôt la nuit jettera son voile de ténèbres sur ce chaos de béton et de chaire. J’avance plus lentement encore. J’ai failli glisser sur une espèce de liquide visqueux. Je dois me presser, je refuse de deviner l’origine de cette odeur âcre.
Je sens une présence derrière moi. Comme une ombre furtive qui marcherait sur mes pas. Je n’ai pourtant pas peur, je serais presque rassurée. Je m’arrête brusquement. Pendant que je me retourne, une main se pose violemment sur ma bouche et un bras entoure ma taille. Je suis, de tout mon être emportée par cette ombre.
J’essaie de me dépêtrer de son étreinte, je bas des pieds fébrilement et lui griffe le bras sans que rien ne puisse arrêter sa course effrénée dans les entrailles de ma ville somnolente. Je n’aurais bientôt plus de force ni de souffle. Je suis prête à me résigner quand Mohammed me pose enfin les pieds par terre, me retourne face à lui et m’enlace fougueusement, haletant et tremblant.
...